Des centaines de manifestants ont repondu present hier a l’appel du tandem chiite Afin de manifester devant le Palais de justice.
Tres rapidement, le rassemblement s’est transforme en affrontements urbains.
OLJ / Par Lyana ALAMEDDINE, le 15 octobre 2021 a 00h00
Un partisan du tandem chiite touche par un tir, au milieu d’une rue. Joseph Eid/AFP
En certains minutes, sans que l’on sache trop De quelle fai§on ni pourquoi, mais sans que i§a ne surprenne vraiment personne pour autant, le pire du Liban reste remonte a la surface.
L’ordre milicien, ne pendant Beyrouth et qui n’a jamais disparu depuis, a completement repris ses droits pendant plusieurs heures hier. Au c?ur de Beyrouth, et en rejouant sa vieille musique : celle des armes, une haine, du sectarisme le plus abject. Plusieurs miliciens qui hurlent de rage, des sirenes d’ambulance qui transportent des blesses. Bilan : bien six morts et une trentaine de blesses apres des scenes de guerilla.
Rien ne s’est passe comme annonce hier, ainsi, pourtant tout etait previsible. Notre rassemblement des militants du Hezbollah et d’Amal devant le Palais de justice pour exiger le dessaisissement de Tarek Bitar, le juge en charge de l’enquete sur la double explosion du port, avait des le commencement des allures de 7 mai. De 7 mai 2008, quand le tandem chiite avait envahi plusieurs quartiers une capitale.
L’edito d’Elie Fayad
Lecons d’un jeudi rouge sang
Des le matin, les forces speciales de l’armee etaient deployees au rond-point de Adliye. Avant aussi la manifestation, des hommes equipes de talkies-walkies et portant un gilet aux couleurs d’Amal preparaient le terrain. Sur 1 camion, un organisateur testait les haut-parleurs en un faisant cracher le dernier propos de Hassan Nasrallah, sur fond de musique martiale. Parmi les manifestants, 1 escadron d’avocats mobilises avec nos deux partis chiites et prets a derouler l’integralite des elements de propagande visant a discrediter le juge et www.datingmentor.org/fr/loveandseek-review/ l’enquete. C’est le moment orwellien de la journee, celui pendant lequel des hommes de loi se relaient Afin de demander la recusation du juge qui a « politise l’enquete », pour reprendre des termes utilises une telle semaine avec le sous-fifre general du Hezbollah.Vetue de sa robe, comme s’il est au tribunal, l’avocat Hussein Zbib, membre du mouvement Amal, se lance au sein d’ une tirade visant a expliquer au juge Bitar la facon dont il doit, d’apri?s lui, faire son travail : « Il est plus important de savoir maintenant qui reste le proprietaire du nitrate d’ammonium et qui l’a fait entrer en territoire libanais. » Une enquete de la chaine televisee al-Jadeed avait fera etat de l’implication presumee de des hommes d’affaires syro-russes, proches du regime syrien, qui seraient en lien avec la societe Savaro Limited, proprietaire en cargaison du nitrate. Le parti chiite a avec ailleurs une longue histoire avec le nitrate d’ammonium, un engrais pouvant entrer dans la composition d’explosifs, qui souleve des questions quant a le implication dans cette affaire.Mais peu importe, nos avocats, et avec eux les manifestants, recitent un lecon. Il s’agit de discrediter l’enquete accusee de servir l’agenda americain ainsi que faire porter au Hezbollah, ainsi, plus generalement a Notre communaute chiite, la responsabilite de l’explosion. Devant nos cameras, des manifestants brulent des portraits du juge ainsi que l’ambassadrice americaine, Dorothy Shea, tandis que d’autres semblent prendre un malin plaisir a les pietiner.
Eclairage
Notre Hezbollah a-t-il reussi son coup ?
Mal avant 11h, des mobylettes font un entree dans le poste, a grand renfort de klaxons. Mes jeunes hommes bombent le torse et entonnent des chants a la gloire de Nabih Berry devant des avocats, bien sourire, qui les filment. « On va te pietiner Bitar », hurle l’un d’entre eux. « Ils paraissent en colere car ils se sentent cibles via tout et cela se passe. Si l’enquete s’etait deroulee normalement, on n’en serait jamais arrive la », assure l’avocat Mohammad el-Hajj.
Puis vient le fracas des armes. En certains minutes, l’ambiance change du tout au bien. Des tirs sont entendus du cote de Tayoune. « Ce paraissent les Ouwet (les Forces libanaises) qui nous ont tire dessus », lance 1 militant du Hezbollah charge de l’organisation, avant de quitter precipitamment la manifestation suivi avec un groupe d’hommes. « On va se preparer Afin de ce jour », previent-il.
Il ne va i?tre gui?re necessaire d’attendre aussi longtemps. Tout s’accelere. Une part de la foule court par la source des tirs, l’un des lieux les plus sensibles de la capitale : la zone de demarcation qui separe le quartier de Ain el-Remmane, fief des Forces libanaises et a majorite chretienne, ainsi, celui de Chiyah, aux mains du tandem chiite. Mes demons de la guerre resurgissent.